Cyril COPPINI

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L'échappée rakugo

Les animaux du Rakugo – Les chiens

La différence entre un/e Japonais/e et un/e Français/e qui voit un lapin ?

Au Japon, on dit kawaiiiiiiii ! Qu’est-ce qu’il est mignon !

En France, on dit oishisô ! Qu’est-ce qu’il a l’air bon !

Bonne année du Lapin !

À ma connaissance, il n’y a pas d’histoire de Rakugo avec des lapins (mais on peut se tromper) alors pour ce premier billet de 2023, qui est la suite des Animaux du Rakugo, on va parler de chiens.

Le Rakugo le plus célèbre qui met un chien en scène s’appelle Motoinu. Enfin, un chien… Plus précisément un chien qui s’est transformé en homme. Si le thème vous rappelle Didier d’Alain Chabat ou encore Shaggy Dog, une comédie américaine de 1959 dont le remake le plus récent date de 2006, Motoinu est largement antérieur à ces deux films. On la trouve en effet dans le recueil Shahon Otoshibanashi Katsura no Hana (Les manuscrits de Rakugo de la fleur de Katsura, inédit en français) publié à l’ère Bunka, soit entre 1804-1818. Serait-il possible que le Rakugo ait influencé le cinéma hollywoodien et français ?!?
On peut toujours rêver…

La chute de Motoinu est intraduisible en français. En tout cas, dans la dynamique de l’interprétation de cette histoire quand on est sur scène car elle demande des explications.
C’est un jeu de mots basé sur Inu (qui veut dire « chien » mais qui est aussi la forme négative en japonais classique de Inai – ne pas être là – ) et Moto (qui signifie « à l’origine » mais qui est aussi un prénom féminin, souvent porté par les domestiques des riches commerçants). Notre ami à quatre pattes – qui est sur deux pattes – est ramassé par un homme qui le ramène chez lui et soudain il se met à aboyer et à montrer les dents. Pris de panique, l’homme appelle sa domestique (Moto) mais elle ne vient pas… Moto !!! Où es-tu ?!? Tu n’es pas là ?!? (Inu ?!?).
C’est alors que le chien qui comprend Motoinu dans le sens « Tu étais un chien à l’origine ?!? » répond : « Oui… Je suis un homme depuis ce matin ». Chute. Rideau.

Alors pour la version jouée, je vous recommande d’entendre cette histoire sur scène et, en amont, de lire (une de ses) versions en français dans l’excellent Histoires tombées d’un éventail (L’Harmattan, 2019).

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